En les écoutant, je réalisai qu'ils évoquaient la vie d'une île.
Cette expérience profondément minoritaire qu'est l'enfermement,
pendant deux ou trois ans, de jeunes gens dans les classes
préparatoires aux grandes écoles, appelés à vivre avec une intensité
décuplée la possibilité de vertige que toute jeunesse porte en elle.
On travaille d'arrache-pied, on se frotte, on s'aime, on se hait.

J'ai terminé hier soir 'Une saison sur la terre' de Marc Lambron.
Je ne saurais dire s'il s'agit d'un roman ou d'une chronique mettant en paralléle les années d'étudiant en classe prépa de l'auteur et l'automne 2004 où il a collaboré (pour l'aspect interview) à la réalisation d'un DVD réunissant des grandes figures du rock des années 60 et 70 d'Eric Clapton à des membres de Rolling Stones.
Je ne sais pas non plus si je suis attirée par ce genre de livre maintenant que les années de prépa de Marie touchent à leur fin, 30 ans après la fin de mon année de prépa ...
En tous cas, j'aime bien la prose de Marc Lambron, la précision de son vocabulaire, les réminiscences des années 60 qui émaillent son récit et qui mettent son enfance en résonnance avec la mienne (on a connu les mêmes choses, vu les mêmes émissions de l'ORTF, .... il n'a que 2 ans de plus que moi) ...
Puis la surprise, vers la fin de ce livre, au détour d'une phrase, quand l'auteur évoque sa rencontre d'un banquier qui a défrayé la chronique l'année dernière et que j'ai cotoyé pendant 3 ans en Ecole de Commerce ...
Je vous donne quand même le 'mot de l'éditeur' tel que la FNAC le reproduit sur son site :
1974-2004 : d'une décennie à l'autre, comme mise entre parenthèses, tient la vie d'un écrivain qui tisse de mystérieuses correspondances entre deux époques. En 1974, Marc Lambron a dix-sept ans. Elève de la Khâgne lyonnaise du lycée du Parc, il néglige les manuels de latin pour promener ses cheveux longs dans les caves où l'on danse sur les Rolling Stones. Une jeune fille éblouissante, Marianne, occupe ses pensées. Elle est «lyonnaise par le goût des chansons et des venelles, italienne pour les blasons, française selon sa voix». Trente ans plus tard, au cours de l'automne 2004, les temps paraissent se brouiller. Lors d'une session musicale dans les mythiques studios londoniens d'Abbey Road, l'auteur côtoie en chair et en os les idoles de sa jeunesse rock'n roll, rassemblés en un étrange bal des vampires autour de Scotty Moore, l'ancien guitariste d'Elvis Presley. Au même moment, l'énigmatique Marianne réapparaît dans sa vie. Une saison peut-elle en cacher une autre ? Les mirages du présent font-ils revenir les fantômes du passé ? A-t-on jamais perdu ce que l'on a aimé ? Entre les brumes lyonnaises et le fog londonien, c'est le fil de Marianne qui va nous conduire à travers le labyrinthe d'un temps perdu. Marc Lambron donne ici à la première personne, en contrepoint de son oeuvre romanesque, une autobiographie singulière et collective, parce qu'elle éclaire autant les époques traversées que l'homme qui nous y sert de guide. Cette Saison sur la terre évoque à la fois la Nadja d'André Breton pour le hasard objectif, la Sylvia d'Emmanuel Berl pour le récit d'une adolescence rêveuse chauffée au brasier des femmes, Les Mots de Sartre pour la genèse d'une formation. C'est le livre d'un amour innocent qui revient toujours, une confession mélancolique où l'auteur des Menteurs tombe le masque.