Rien de nouveau depuis 2000 ans ... (2)
Publié le 23 Mai 2008
Poursuivant ma lecture des lettres de Pline Le Jeune, et les trouvant si intemporelles, j'ai décidé de continuer à vous les faire partager ....
Aujourd'hui, sur le temps ...
A Minicius Fundanus
C'est tout de même étonnant : quand on prend un à un les jours passés à Rome, on fait facilement le compte de leurs instants (ou bien on croit pouvoir le faire) mais quand on en prend plusieurs
en bloc, ce n'est plus possible !
Demande donc à quelqu'un "Qu'as-tu fait aujourd'hui ?" Il va te répondre "J'ai été à une prise de toge virile" ou "J'ai assisté à des fiançailles ou à des noces ; Untel m'a invité à la fermeture
de son testament, Untel à un Procès, Untel à un conseil."
Et tout cela était vraiment nécessaire le jour où on l'a fait. Mais quand tu me dis que c'est tous les jours la même chose, cela te paraît vide, surtout dans la retraite.
Cette pensée alors te vient : "Combien de jours passés à des futilités ?"
C'est ce qui se passe pour moi quand je suis dans ma villa des Laurentes, où je lis, j'écris, je m'occupe de mon corps - ce qui tonifie l'esprit.
Je n'entends rien que je ne regrette d'avoir entendu, ne dis rien que je ne regrette d'avoir dit. Personne ne tient en ma présence de propos malveillants sur autrui et, de mon côté, je ne blâme
personne que moi quand j'ai trop de mal à écrire.
Aucune attente, aucune crainte ne me trouble, aucune rumeur ne m'inquiète : mes seuls interlocuteurs, ce sont mes livres et moi même. Ah, l'existence droite et pure !
Douceur et noblesse de ce temps à soi, plus beau, peut-être, que toute activité !
Mer, rivage, temple des Muses, vrai et solitaire, quel monde vrai vous découvrez ! Que de pensées vous inspirez
!
Quitte toi aussi, à la première occasion, ce vacarme, cette agitation vaine, ces travaux
dépourvus du moindre intérêt, et donne toi à l'étude et au repos : comme le dit notre cher Atilius avec tant de profondeur et d'humour, mieux vaut être oisif que ne rien faire
!